Homélie du 13ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 19 juin 2021Choisir la vie avec le Christ, Jésus
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Les trois lectures de ce dimanche ainsi que le psaume sont une hymne à la vie : Dieu n’a pas fait la mort ; il est le Dieu de la vie. C’est ce que nous lisons dans le Livre de la Sagesse : “Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants”. Si elle est entrée dans le monde, c’est par la jalousie du démon. C’est lui qui introduit à la tentation et au péché ; cette rupture avec Dieu entraîne la mort ; mais l’amour de Dieu est bien plus fort que toutes les forces du mal.
C’est vrai, Dieu nous veut vivants. C’est pour cette raison qu’il nous invite inlassablement à rejeter le péché. L’Évangile nous montre Jésus qui a rejoint “l’autre rive”, celle du monde païen ; dès son arrivée, il y rencontre des gens qui sont frappés par le désespoir, la souffrance et la douleur ; c’est d’abord Jaïre qui vient le supplier : “Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive.”
Jésus se met donc en route. Mais voilà que dans cette atmosphère bruyante, une femme atteinte d’hémorragies, s’approche de lui pour être guérie. Jésus ne lui dit pas : “Tu es guérie” mais “tu es sauvée”. Elle pourra donc être réintégrée dans sa communauté et y retrouver toute sa place. Le Christ se présente à nous comme celui qui sauve et qui relève.
Puis c’est l’arrivée chez Jaïre. On lui annonce que sa fille vient de mourir et que ça ne sert plus à rien de déranger le Maître. Mais Jésus l’invite à un acte de foi. Cette fille dort et il va la réveiller et la relever. C’est comme quand on relève quelqu’un qui s’est couché. Jésus entre dans la maison. Il fait sortir tout le monde. Il ne garde que le père et la mère de l’enfant et quelques disciples. Il ne fait pas sur la jeune fille un geste de guérison. Il lui saisit la main et le dit : “Lève-toi”. Dans le langage du Nouveau Testament, le verbe “se lever” est synonyme de ressusciter.
C’est ainsi que Jésus se révèle au monde comme le Sauveur de tous. S’il est venu dans le monde, c’est pour que tous les hommes aient la vie en abondance. Dimanche dernier, nous avons compris que Jésus est parti vers l’autre rive pour rejoindre le monde païen. Il nous fait comprendre que l’amour de Dieu est sans frontière. Il n’accepte pas de discrimination. Plus tard, Jésus enverra ses apôtres dans le monde entier. C’est pour répondre à cet appel que des prêtres, des religieux, des religieuses et des laïcs ont quitté leur famille, leur pays pour annoncer Jésus Christ à ceux qui ne le connaissent pas.
Nous pensons à toutes ces rencontres avec des personnes éprouvées par la maladie, les infirmités et la solitude. Dans les années 70, j’ai découvert un mouvement qui s’appelle “la Fraternité chrétienne des personnes malades et handicapées”. Son fondateur, le Père François, nous disait que “la fraternité c’est un malade qui va vers un autre malade et ensemble, ils vont vers un troisième”. Ces temps de rencontre et de partage les ont aidés à sortir de leur solitude et à retrouver leur place dans l’Église.
C’est aussi cette préoccupation que nous retrouvons dans le Service Évangélique des malades et les aumôneries des hôpitaux et des maisons de retraite et différents autres mouvements du monde de la santé. Beaucoup n’ont plus la force de prier. Ces nuits qui n’en finissent pas, c’est très éprouvant. Alors on comprend qu’il ne suffit pas de prier POUR les malades mais AU NOM DE ceux qui n’ont plus la force de prier. À ce moment-là, nous sommes comme Jaïre qui vient supplier Jésus pour sa fille.
Il y a dans cet Évangile une parole de Jésus qui risque de passer inaperçue : “Il leur dit de la faire manger”. Oui, bien sûr, elle a besoin de reprendre des forces. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que le Seigneur est venu nous “ressusciter” dans la foi. Il nous remet debout. Mais si nous voulons vivre de sa vie, nous devons nous nourrir de sa Parole et des sacrements. Si nous ne le faisons pas, la faiblesse reprendra le dessus et nous retomberons.
Le grand désir du Seigneur, c’est que nous soyons réveillés de notre médiocrité, notre égoïsme et de notre désespérance. Il veut nous associer tous à sa mission. En nous nourrissant de sa Parole et de son Corps, il veut nous donner le dynamisme qui transforme les “sauvés” en “sauveurs”. Avec lui, nous pourrons entraîner les malades vers la Source de Vie. Et comme lui, nous tendrons les mains vers les endormis pour les aider à se lever et à marcher. Ils pourront ainsi aller à la rencontre de Celui qui est la vie et la résurrection.
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Sources : Revues Liturgiques – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes – Homélies du dimanche B (Léon Soulier) – Lectures bibliques des dimanches B (Albert Vanhoye) – Reste avec nous quand vient le soir (Laurette Lepage) – Ta Parole est ma joie (Joseph Proux) – ADAP (Nouvelle Calédonie)
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L’Évangile de ce dimanche aborde deux réalités douloureuses dans la vie de chacun : La souffrance et la mort ! Deux thèmes inévitables liées à la condition humaine. Saint Marc nous présente successivement deux événements déchirants : La souffrance dégradante d’une pauvre femme atteinte d’une maladie considérée comme impure par la Torah et la mort d’une jeune fille dans la fleur de l’âge. Nous ne savons pas si ces deux épisodes ont eu lieu le même jour et au même endroit. Mais ce n’est pas pour rien que les deux miracles de Jésus sont reliés et imbriqués l’un dans d’autre. Si saint Marc les a réunis dans un même récit, c’est pour nous adresser un message : La souffrance et la mort font partie intégrante de la vie !… Face à ces deux situations, Jésus était touché par la foi profonde de la femme et l’espérance sans faille d’un père désespéré. À la femme il disait : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » (Mc 5:34) À Jaïre, le chef de la synagogue, il rassurait : « Ne crains pas, crois seulement. » (Mc 5:36) La femme fut guérie et la jeune fille retrouvait la vie. Dès que possible, Jésus n’hésite pas à donner du baume au cœur, un peu de douceur à la vie !
Encore une fois, l’Évangile nous touche de plein fouet ! En effet, qui de nous n’a pas connu une personne qui souffre durement dans son corps. Qui de nous n’a pas assisté un proche qui s’avance inexorablement vers la fin de sa vie ? À moins de sombrer dans l’illusion d’un monde imaginaire, personne n’échappe vraiment à cette réalité qui touche tout être vivant. Nous sommes bouleversés lorsque la maladie tourmente et défigure l’être aimé. Nous sommes profondément ébranlés lorsque la mort surprend un proche ! Dans une telle situation, en plein désarroi, il est tout-à-fait normal qu’une question, souvent sans réponses, nous hante : ‘Pourquoi et pourquoi ?’ Toutefois, nous serons tous confrontés, un jour ou l’autre, à ces limites de la condition humaine. C’est inévitable ! Des épreuves inhérentes à la vie. Voilà une question sensible que Jésus n’élucide pas d’ailleurs. Il n’est pas venu en ce monde pour abolir cette fluctuation de la nature humaine. Lui-même est passé par là pour nous montrer comment transformer la dure réalité en un chemin de sanctification.
Pendant longtemps, on a considéré la souffrance comme une source de salut. On voit dans la mortification corporelle l’unique chemin de sanctification, le seul le moyen de s’approcher du Christ qui, par amour pour nous, a souffert et est mort sur la Croix. Ne nous laissons pas entraîner dans cette conception pessimiste. Le Livre de la Sagesse nous disait : « Dieu n’a pas fait la mort […] ce qui naît dans le monde est porteur de vie… » (Sagesse 1:13-14) Dieu est amour. Il est la source du Bonheur. Il a créé l’homme à son image et à sa ressemblance pour qu’il soit heureux. Jésus lui-même était venu à la rencontre de l’homme pour lui révéler la joie d’être enfant de Dieu. Sans relâche, Il nous invite à répandre le bonheur autour de nous. Apporter la joie de vivre à tous ceux qui passent à côté sans même l’apercevoir. Saint Paul nous exhorte : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. » (Philippiens 4:4-5) Il nous encourage à partager avec générosité notre abondance : « Puisque vous avez tout en abondance, la foi, la Parole, la connaissance de Dieu, toute sorte d’empressement et l’amour qui vous vient de nous, qu’il y ait aussi abondance dans votre don généreux ! » (2 Corinthiens 8:7) Et ce n’est que justice !
Chacun de nous, fortifié par la foi dans le Christ, doit être porteur et témoin de l’Amour de Dieu dans son milieu de vie. Autour de nous, beaucoup sont éprouvés par des souffrances de toutes sortes et la question se pose de savoir comment leur venir en aide ! Dans nos actions, soyons simples, ne cherchons pas à nous embarrasser des moyens sophistiqués. Il suffit souvent de bien peu de choses pour les réconforter : un regard d’affection, un sourire cordial, un geste de solidarité… Les yeux dans les yeux et la main dans la main ! Une bagatelle, dirions-nous ! Et pourtant, c’est dans ces moments d’affection et de fraternité partagée que le Royaume de Dieu est en train de grandir. L’Évangile d’aujourd’hui met en valeur deux valeurs essentielles : L’amour et le partage ! Comme une fleur qui s’épanouit au milieu des ronces pour donner une touche de gaîté dans un cadre de vie bien hostile, soyons une note de couleur qui embellit, une baume apaisante qui parfume l’entourage ! La vie sera ainsi plus rayonnante et bénéfique à tous ceux qui nous entourent.
Prions pour ceux qui portent la souffrance dans leur corps ou dans leur âme. Faisons en sorte qu’ils sentent toujours cette présence du Seigneur à leur côté et qu’ils gardent sans cesse le désir de s’épanouir dans leur vie.
Nguyễn Thế Cường Jacques